De mai à octobre, les libellules virevoltent aux bords des eaux, offrant leurs chatoyantes couleurs à nos regards d’enfants : rouges, bleues, vertes ou jaunes. On les appellerait volontiers « filles de l’air » mais ces jolis insectes s’apparentent plus à de petits dragons…
La Grande Aeshne (Aeshna grandis) chassant sur les berges d’un étang (Noel Cerneux – Doubs).
Entre Terre et Eau
Avant de faire des cabrioles au gré du vent, elles vivent plusieurs mois au fond des eaux sous une forme bien différente : elles sont méconnaissables. Au fond des mares et étangs, elles sèment la terreur dévorant daphnies, têtards, et même de petits poissons. Il y a, cependant, un moment où les libellules sont particulièrement vulnérables : lors de l’émergence. Comme vous pourrez le voir sur la vidéo suivante ( vidéo Arkive), l’émergence n’est pas une étape simple et les accidents ne sont pas rares; le taux de mortalité à l’émergence peut parfois atteindre 50% sur un effectif journalier(Grand D., Boudot JP., 2006). Lorsque la nouvelle libellule déploie ses ailes et s’envole, il ne reste qu’un squelette, souvenir de sa vie aquatique : une exuvie.
Emergence de Leucorrhine à front blanc (Leucorrhinia albifrons) sur un étang de Bonnevaux (Doubs).
Dragons volants
Après l’émergence, la jeune libellule s’éloigne du point d’eau pour réaliser sa maturation sexuelle dans des lieux abrités du vent et s’échauffant rapidement. Elle va chasser et se reposer jusqu’à ce qu’elle acquière ces couleurs définitives et que ses organes sexuels soient développés. Tous les insectes de petites tailles rentrent dans son régime alimentaire (mouches, moustiques, moucherons, parfois des abeilles et leurs propres congénères). Elle reviendra près des points d’eau pour se reproduire. Les différentes espèces de libellules ne vivent pas dans les mêmes milieux : certaines préfèrent les mares et étangs, d’autres des ruisseaux, des rivières ou même des tourbières.
Un peu de culture scientifique
Odonates est un terme scientifique pour désigner l’ordre auquel appartiennent les Libellules. Cet ordre est composés de deux sous-ordres :
– les Zygoptères. Ce sont ces frêles libellules que l’on appelle couramment les Demoiselles, leurs ailes sont jointes au repos.
– les Anisoptères. Ce sont les grosses libellules, leurs ailes sont étalées au repos.
Tandem de Petite Nymphe à corps de feu (Pyrrhosoma nymphula). Une petite taille et des ailes non étalées au repos : un zygoptère.
La Libellule déprimée (Libellula depressa) est un anisoptère : sa taille est importante et ses ailes étalées au repos.
On compte en France métropolitaine une centaine d’espèces d’odonates. L’identification des espèces se fait principalement sur les nervures des ailes et les organes reproducteurs.
Une libellule de la taille d’un petit rapace
70 cm : c’est la taille d’une libellule fossilisée trouvée en France dans l’Allier. Elle daterait d’il y a 320 millions d’années. Les libellules sont considérées comme les plus vieux insectes sur Terre.
Pour aller plus loin…
GRAND D. et BOUDOT J.P., 2006. Les Libellules de France, Belgique et Luxembourg. Collection Parthénope, éditions Biotope, Mèze (France). 480 p.
DOUCET G., 2011. Clé de déterminantion des Exuvies des Odonates de France. Société françise d’odonatologie (Bois d’Arcy), 68 pages.
SFO : Société Française d’Odonatologie